Plusieurs explications sont données à l’origine du prénom Rosalie. Né de l’union de deux noms latins de fleurs (la rose, symbole de la royauté, et le lilium, le lys, symbole de pureté), Rosalie, ou Rosalia, a pu être à l’origine une fête païenne dédiée aux fleurs mais aussi aux morts qui se tenait en même temps que la période de floraison des roses, en mai et juin. Une autre tradition y voit une étymologie germanique (hroth, gloire ou renom, ou hros, cheval), du fait que le prénom aurait été amené en Sicile par les Normand. Enfin, Rosalie pourrait être une adaptation du français ancien Roscelin qui signifiait bouclier glorieux. L’évocation des deux symboles, la rose et le lys, dans le culte de la sainte a beaucoup contribué à la diffusion de ce prénom.

La tradition, très vivante en Sicile, veut que Rosalie soit née en 1130 au sein d’une famille importante de la noblesse sicilienne. Son père est le comte Sinibald de Sinibaldi, seigneur de Quisquina et descendant de Charlemagne. Lié à la cour du roi Roger II par sa mère, Maria Guiscardi, elle y passe son enfance et son adolescence, devenant une des demoiselles d’honneur de la reine Sibille. Elle est finalement fiancée à Baudouin, un des plus fidèles chevaliers de Roger II. Pourtant, la veille de son mariage, elle voit le visage de Jésus dans le miroir. Très marquée, elle décide d’abandonner le palais pour rejoindre le monastère de Très Saint Sauveur à Palerme. Là, elle continue à recevoir la visite des parents et de Baudouin qui ne se résignent pas à l’idée de l’avoir perdue. Rosalie se réfugie alors dans une grotte à Santo Stefano Quisquina, sur les terres de son père. Elle y vit 12 ans comme ermite. Puis, à l’invitation de la reine Margueritte de Navarre, elle se rend dans une autre grotte, au Mont Pellegrino, à Palerme où, vers 1170, elle se laisse doucement emporter par la mort.

En 1624, une épidémie de peste noire sévit à Palerme. Toutes les prières semblent impuissantes face au ravage épouvantable. C’est dans ce contexte que Rosalie apparaît à une brodeuse de Ciminna sous la forme d’une nonne, habillée de blanc et suivie d’une traînée d’éclairs. Rosalie demande à la femme de se rendre sur le Mont Pellegrino. Après avoir hésité, la femme se résout à y aller et guérit miraculeusement en buvant l’eau qui jaillit des murs de la grotte. Là, elle voit de nouveau la sainte qui lui révèle où se trouve sa dépouille mortelle. Les os, très blancs et qui dégagent un intense parfum de fleur, sont ramenés à Palerme. L’année suivante, Rosalie apparaît à un savonnier sur le point de suicider suite au décès de sa jeune épouse du fait de la peste. Rosalie l’arrête et lui annonce que si sa dépouille est portée en procession à travers Palerme, l’épidémie prendra fin. La procession a lieu le 9 juin 1625. Derrière l’archevêque de Palerme suivent tout le clergé, les personnalités politiques de la ville et l’ensemble du peuple, chantant le « Te Deum Laudamus ». Même si le jeune homme meurt finalement, l’épidémie de peste s’arrête et les gens guérissent. Suite à ces événements, Rosalie est considérée comme une des saintes à invoquer en cas d’épidémie et de maladie. Elle est la sainte patronne de Palerme.

La grotte de sainte Rosalie (mont Pellegrino). Source : Wikipedia

Le passage des reliques de sainte Rosalie à travers Palerme est célébré chaque année, du 10 au 15 juillet. Appelé le festin de sainte Rosalie, une procession composée d’un char roulant derrière le portrait de la sainte mobilise, depuis le XVIIème siècle, tous les habitants de la Palerme dont les différentes confréries citoyennes. L’itinéraire va des anciennes rues jusqu’à la mer, symbolisant le passage de la mort à la vie. La mer est alors illuminée par un feu d’artifice qui clôt les festivités. Comme beaucoup de fêtes populaires, le festin de sainte Rosalie attire les fidèles mais aussi bon nombre de touristes qui se pressent dans les restaurants de la ville pour goûter la gastronomie traditionnelle. La fête reprend le 3 septembre au soir où une procession nocturne avec flambeau a lieu sur le Mont Pellegrino. Les croyants montent à pieds et certains gravissent même les dernières marches à genoux.

A l’occasion du 400ème anniversaire de la découverte des reliques de saine Rosalie, le pape François rappelle que cet événement religieux est pour « l’Église de Palerme une louange pour le don d’une si sublime figure de femme et d’apôtre, qui n’a pas hésité à accepter les épreuves de la solitude pour l’amour de son Seigneur ».