Mai s’achève sur la Visitation de Marie à Elisabeth. Saint Luc évoque la rencontre des 2 femmes enceintes, l’une de Jean-Baptiste, l’autre de Jésus. C’est leur intense communion physique et spirituelle que l’art chrétien célèbre : « quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle… Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint » (Lc 1,39-41). Ainsi, les artistes ont peint une scène de retrouvailles -chaleureuse ou solennelle, intime ou spectaculaire, selon les cas- mais témoignant de la présence de Dieu à l’œuvre dans Marie -de son incarnation-.
La Visitation peinte à l’huile par Jacopo Carucci (dit “Pontormo”) en 1530 pour St Michel et St François de Carmignano, se démarque par son originalité, son élégance formelle : lumière des corps, couleurs acidulées, transparence des visages, et draperies gonflées. Maniériste comme Michel-Ange, Pontormo adoptait un style « moderne » : compositions insolites, lignes sinueuses, corps en équilibre instable, et regards inquiets ou énigmatiques. Sur son retable de la Visitation, 4 femmes se détachent sur un arrière-plan schématique de ville italienne. Marie et Elisabeth, le visage d’une clarté transparente, semblent presque suspendre un mouvement de danse : « Qu’ils louent Son Nom avec des danses ; qu’ils le célèbrent avec des tambourins et de la harpe » (Ps 149,3). Les deux cousines n’ont pas le même âge, symbolisant ainsi la continuité de l’Ancien et du Nouveau Testament. Leur échange révèle leur conscience commune : l’une sera mère du Précurseur, l’autre du Sauveur. Elles ressentent les mêmes joie et appréhension : accueillir la vie en son sein, et accepter la volonté divine à travers l’enfant à naître. Une mission grave qu’annonce le regard fixe des servantes immobiles invitant à réfléchir. En ce moment exceptionnel se joue l’accomplissement des Ecritures : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » (Lc 1,45). « Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit a tressailli de joie en Dieu mon Sauveur.. » (Lc 1,46-55): le chant d’allégresse final -le Magnificat- en reprenant le texte des Psaumes, réunit les promesses de l’Ancien Testament et leur accomplissement dans le destin de Marie. Laurence
Extrait du film Jésus de Nazareth de F. Zeffirelli – https://youtu.be/fotCfYjzKC4