A L’Epiphanie (« apparition » en grec) les rois mages rendent hommage à l’Enfant-Jésus et de nombreux tableaux évoquent l’événement. Ces mages orientaux -des sages astrologues- sont déjà présents sur les murs des catacombes de Rome au 2e siècle. Ils sont 2, 3, parfois 4 : St Mathieu, seul évangéliste à les évoquer (2,11-12), n’a pas précisé leur nombre. Toutefois, le Psaume 72, 10-11 vient en résonance avec le récit de l’évangile : « Les rois de Tarsis et des îles lui enverront des tributs -les rois d’Arabie et de Saba lui apporteront des présents. Tous les rois de la terre se prosterneront devant lui, toutes les nations le serviront ». Tout comme la vision d’Isaïe sur Jérusalem « Ils viennent en foule de Saba, apportent de l’or et de l’encens et publient avec joie les gloires de Yahweh » (Is. 60,6) . Les traditions chrétiennes ont fixé leurs nombre et nom au fil des siècles: ce sera Melchior, Gaspard et Balthazar. Ils sont mentionnés sur un manuscrit du VIIIe siècle, l’Excerpta latina barbari. Ils seront des rois, et c’est ainsi que l’art les représente, cadeaux en main, comme sur le tableau d’Andrea Mantegna peint vers 1500.
Réputé pour son style sévère, Mantegna à la fin de sa vie, adopte une peinture plus douce, plus aimable, se rapprochant du goût de l’époque. Dans ce tableau, il ne déploie pas de scènes ou paysages descriptifs, se concentrant sur l’adoration de l’Enfant-Roi. Les rois mages sont triplement symboliques : ils sont 3 de 3 âges différents -jeunesse, maturité et vieillesse-, et 3 origines (variables) -Inde, Perse, Arabie- que rappellent leurs élégants atours exotiques. Gaspard et Balthazar portent une toque enturbannée. Tous 3 portent des manteaux garnis de fourrures contrastant avec la simplicité de St Joseph et de la Vierge Marie. Ils présentent 3 cadeaux : l’or, symbole de royauté, l’encens, symbole de divinité, et la myrrhe -servant à embaumer les corps- qui annonce la mort de Jésus pour la rédemption de l’humanité. Les monnaies d’or brillent dans la délicate pyxide de porcelaine chinoise bleu et blanc offerte par Melchior. Celui-ci porte un anneau incrusté de pierres au pouce tandis que Balthazar arbore un fin collier relié à l’oreille. Les regards se croisent ; celui de Marie -attentif- et de Jésus suivent la même direction ; Melchior, tête découverte, fixe intensément l’Enfant. Celui-ci, déjà vêtu à l’antique, esquisse un geste de bénédiction. Mantegna a privilégié une scène intime où les 5 figures réunies autour de l’Enfant-Jésus, songeuses et contemplatives, manifestent attendrissement et vénération à la fois. L.C.
Cantate pour l’Epiphanie “Allelujah” – Telemann