Destination des pères de famille putéoliens début juillet, Vézelay est devenu au 12e siècle un lieu de pèlerinage à la basilique auprès des reliques de sainte Marie-Madeleine. La façade initiale de l’église a été modifiée puis reconstruite au 19e siècle mais le portail central de la nef a conservé son aspect d’origine : c’est l’un des chefs d’œuvres de la sculpture romane. Une fois franchi le narthex, le visiteur se trouve face à ce portail : un cheminement qui fut celui des catéchumènes et des pèlerins. Accueillis par saint Jean-Baptiste adossé au trumeau, ils entraient dans la nef baignée de lumière. Fin juin, c’est la fête de ce saint, et le solstice d’été : le soleil éclaire le chemin qui mène à l’autel.
Le tympan met en scène la Pentecôte. Les rayons de l’Esprit-Saint, émanant des longues mains du Christ en gloire, descendent sur les apôtres réunis autour de lui, les appelant à leur mission universelle. « Allez donc de toutes les nations ! Faites des disciples, les baptisant au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » (Mat. 28,14-20). Le délicat drapé des tuniques des apôtres et du Christ agitées par le vent orageux de l’Esprit, forme des spirales caractéristiques de l’art de Vézelay. Tout s’articule autour du Christ, maître du temps : réunis à ses côtés, les 12 apôtres, Bible ouverte ou fermée à la main, en proie à une effervescence contenue, prêts à agir ; puis sur les voussures se trouvent les peuples, le cosmos avec les 12 signes zodiacaux, et le temps avec les 12 mois de l’année. La frise processionnelle du linteau évoque la multitude des peuples à évangéliser. « ..Parthes Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce… » (Actes 2,5-8.11). Pour les reconnaître, quelques pistes : la coiffe des Juifs, le bonnet des Phrygiens, les chaussures à semelle haute des Arméniens. Mais apparaissent également des êtres légendaires à tête de chien ou des êtres aux oreilles immenses issus des textes de Pline ou d’Isidore de Séville !
Beaucoup d’infirmités sont représentées qui nous renvoient à la parole du Christ à Jean-Baptiste « les aveugles voient, les boiteux marchent…les sourds entendent » (Lc 7,21). » D’autres handicaps plus spirituels figurent : il y a ceux qui « résistent » à la parole divine, comme le roi Jéroboam privé de sa main droite pour avoir refusé de stopper les sacrifices (Livre des Rois 13 ,4), un Juif tenant sa Torah, ou des possédés. S’agissait-il de répertorier les peuples ? ou simplement montrer l’impact de la Résurrection du Christ sur toute la Création et les bienfaits de l’évangélisation ?