Le printemps nous invite à contempler la création. Cette année, nos regards sont davantage levés vers les arbres comme ceux de la cour du presbytère qui ont déployé leur feuillage, ou vers tel grand chêne. Aurait-il pu être offert, en sacrifice de louange, pour rejoindre les 999 autres retenus pour constituer la nouvelle charpente de Notre-Dame de Paris ? Ces fûts déjà centenaires vont redonner naissance à cette « Forêt » de 800 ans partie en fumée et cendres il y a 2 ans. Mieux que le roi des arbres d’occident pour cette maison de Dieu, le cèdre du Liban avait déjà été choisi par le roi Salomon pour bâtir le Temple de Jérusalem.
Dans la Bible, l’arbre manifeste la puissance de vie que le créateur a répandue dans la nature. À chaque printemps, il en annonce la renaissance. Sa longévité dépasse les générations. Coupé, un rejeton jaillit de ses racines. Dans les lieux arides, il témoigne de la présence d’eau. Ses fruits sont une nourriture, ses feuilles un remède, les oiseaux font leur nid dans ses branches… Cette vitalité et sa majesté furent magnifiées au point que dans bien des traditions des arbres sacrés étaient vénérés. L’auteur biblique se garde de franchir ce pas idolâtrique tout en assimilant parfois à un arbre verdoyant l’homme juste ou le peuple tout entier béni de Dieu. Ainsi reconnait-on l’arbre à ses fruits et les mauvais méritent d’être coupés et jetés au feu. Les empires humains qui tiennent sous leur ombre tant de peuples sont représentés par un arbre extraordinaire qui monte jusqu’au ciel abritant toutes les bêtes et dont les racines sont aux enfers. Démesure fondée sur l’orgueil que le jugement de Dieu abattra. En revanche, le Royaume de Dieu, né d’une humble graine de moutarde, deviendra un grand arbre où nicheront tous les oiseaux.
Séparé de l’Arbre de vie et de ses dons pour avoir consommé le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et mal, l’homme découvre dans l’Histoire Sainte comment Dieu lui en restitue l’accès. Si Ézéchiel annonce un avenir aux multiples arbres garantissant nourriture et remède, déjà la Sagesse offerte aux hommes est un arbre de vie qui donne le bonheur. Enfin, dans l’Apocalypse, le Christ promet à ses fidèles qu’ils mangeront de l’Arbre de vie dans le Paradis. En effet, il a transformé la Croix, signe de malédiction, en bois qui sauve de la mort. C’est ce que nous célébrons par la vénération du Vendredi Saint.
Aujourd’hui comme à la Pentecôte, nous sortons de nos confinements. Enracinés dans la foi au Ressuscité, portons de beaux fruits afin que nos contemporains puissent goûter ce qui nous fait vivre et chanter avec nous « Laudato Si’ ».
Père Hugues Morel d’Arleux
Sources : Articles « Arbre » in Vocabulaire de Théologie Biblique, Les Éditions du Cerf, 1962
& Dictionnaire Biblique, Desclée, 1964.